1. Trois Caractérisations de la Conscience.

1. La conscience comme pure expérience, conscience primaire ou phénoménale. C’est à la fois la forme la plus fondamentale et la plus inaccessible de la conscience. Pour dire ou écrire quelque chose sur la conscience primaire, il faut s’en écarter et adopter une autre forme de conscience, d’où l’impossibilité de la signifier.
2. La conscience réflexive
• En Psychologie Cognitive la Réflexivité se caractérise de plusieurs façons et fait appel à des dénominations parfois divergentes. Quelques exemples.
a. La Conscience dite Auto Noétique, ou Conscience de Soi fait appel à la mémoire épisodique et autobiographique et conditionne le voyage mental dans le temps (cf. L’ontologie).
b. La Métacognition désigne une capacité essentielle de l’intelligence qui consiste à connaître ses propres activités cognitives ou à réfléchir à leur propos. La définition de la Métacognition se déploie sur des terrains d’expérimentation où toutes les formulations sont à la troisième personne (il, ils, elle, elles).
c. La Pleine Conscience ou « Mindfulness » se situe aux antipodes de la Métacognition, elle est une forme élargie d’expérience qui nécessite un plein investissement dans l’activité même de la conscience. L’expérience de la Pleine Conscience n’a de sens qu’à la première personne. C’est un moment de la conscience elle-même.
La Réflexivité se prête à une analyse détaillée qui permet d’en distinguer de nombreuses variétés.
• A la lumière des acceptions différentes de la réflexivité on est conduit à s’interroger sur les possibilités de la Psychologie Cognitive de mettre au jour le noyau de la conscience qui consiste en une expérience réflexive en un vécu sur les vécus.
• Les réflexions de la Psychologie Cognitive sur la conscience réflexive semblent laisser dans l’ombre celle de l’expérience réfléchie, celle du vécu sur les vécus. En effet cette expérience doit être éprouvée et sa teneur est loin d’être explicitée par les diverses formes de la réflexivité.
• Les études de Psychologie Cognitive traitent d’états de conscience dont le fait de les vivre ne peut être dissocié sans produire des démarches abstraites voire artificielles. A-t-on vraiment l’expérience d’une multiplicité de niveaux réflexifs ? Peut-on qualifier symboliquement (par le langage) une pluralité de vécus ? Ces questions sur la conscience réflexive restent ouvertes.
• Il est possible d’imaginer un corps à corps patient avec le vécu. Il deviendrait ainsi concevable d’entrer en contact avec chaque expérience en tant que telle soit en tant qu’acte vécu réflexif, soit en tant qu’actualité sensible présente en attente de réflexion.
3. La Conscience de Soi
• On peut sans tomber dans des abîmes métaphysiques définir la conscience de soi de la façon suivante.
v La conscience d’un réseau de relations sensibles, de repères intelligibles.
v La conscience d’un point d’origine dans l’espace et le temps (ici et maintenant) où les phénomènes et les événements apparaissent.
v La conscience d’une possibilité d’accès à ce qui se présente.
v La conscience d’une opportunité de manipulation active de ce qui peut servir ou de ce qui peut faire obstacle à des désirs et à des besoins.
Le réseau de relations sensibles et de repères intelligibles possède plusieurs dimensions et plusieurs aspects pertinents et la conscience de soi va se décliner en autant de modalités selon les différents aspects. Sans prétendre explorer toutes les modalités de la conscience de soi, il est possible d’en représenter les plus significatives et les plus accessibles.
• Lorsque l’on a une conscience de soi on peut s’apercevoir :
1. D’un centre de perspective ou d’un point de vue rattachable à un corps qui a la différence de tous les autres corps se manifeste constamment par des proprioceptions (perceptions internes).
2. D’un statut et d’une position social (e).
3. D’une image idéale de soi qui détermine ce que l’on pense devoir faire.
4. D’une biographie assumée reconnue comme telle parce qu’elle contribue à définir et à identifier le soi qui l’a vécue.
5. D’un ensemble de dispositions à se comporter de telle ou telle manière, en faisant valoir des préférences dans des circonstances spécifiées.
Ces différents traits de la conscience de soi, même s’ils sont parfois fluctuants et partiels se renforcent mutuellement dans de nombreuses situations de l’existence. Ils acquièrent ensemble une forme d’autonomie dynamique qui donne une cohérence et une densité à la conscience de soi.
• Si chacune des caractéristiques de la conscience de soi mériterait d’amples développement, notamment celui de la perception de son corps et du corps d’autrui, il est un trait qui apparaît essentiel pour faire tenir la forme d’autonomie dynamique dans son ensemble ?
• Il semble, en effet, que ce soit l’image idéale de soi qui fasse tenir ensemble les différents traits de la conscience de soi en un tout cohérent. Cette image idéale montre le caractère prospectif, utopique de la conscience de soi.
• Le devoir être ouvre la dimension du projet de la conscience de soi, l’aspiration à devenir. Il assure un principe dynamique de stabilisation par fidélité à une image idéalisée, il apparaît constitutif de ce qu’est la conscience de soi par rapport à ce qu’elle n’est pas encore.
• Le devoir être rétroagit sur le réseau de relations sensibles et de repères intelligibles parce qu’il oriente ces relations et ces repères, en termes de devenir, de responsabilité, d’engagement. De même le devoir être peut rétroagir sur la biographie et conduire à une certaine révision pour sauvegarder une image idéalisée.
• Si l’on considère que les différentes caractéristiques de la conscience de soi concourent à une forme d’autonomie dynamique, le devoir être paraît se trouver au centre de cette dynamique.
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